« Le Slam a de l’avenir en Haiti » dixit Dydy Skyman

Lasigal Lasigal · 4 años hace · 927 puntos de vista
Débuté dans les années 80 à Chicago, aux Etats-Unis, Le Slam, c’est à l’origine un tournoi de poésie créé  par Marc K. Smith dans le souci de donner plus de vie aux textes de poésie. Ce mouvement va, par la suite gagner l’Europe, d’abord par l’Allemagne puis la France pour s’étendre un peu partout à travers le monde. En Haiti, les premiers pas du Slam peuvent être rangés au début des années 2000. Notamment en 2004. Depuis lors, son public ne cesse de s’élargir. C’est une forme d’expression orale en pleine expansion dans le pays. Ils sont nombreux, les jeunes femmes et jeunes hommes à  pratiquer le Slam aujourd’hui un peu partout à travers le pays. Pour comprendre la dynamique de son développement en Haiti, nous avons contacté Beetlear François dit Dyddy Skyman, slammeur, coordonnateur général de la Fédération Haïtienne de Slam-poésie ( FEHASP ) et membre du collectif Caroidi Slam.
« Le Slam a de l’avenir en Haiti » dixit Dydy Skyman

Débuté dans les années 80 à Chicago, aux Etats-Unis, Le Slam, c’est à l’origine un tournoi de poésie créé  par Marc K. Smith dans le souci de donner plus de vie aux textes de poésie. Ce mouvement va, par la suite gagner l’Europe, d’abord par l’Allemagne puis la France pour s’étendre un peu partout à travers le monde. En Haiti, les premiers pas du Slam peuvent être rangés au début des années 2000. Notamment en 2004. Depuis lors, son public ne cesse de s’élargir. C’est une forme d’expression orale en pleine expansion dans le pays. Ils sont nombreux, les jeunes femmes et jeunes hommes à  pratiquer le Slam aujourd’hui un peu partout à travers le pays. Pour comprendre la dynamique de son développement en Haiti, nous avons contacté Beetlear François dit Dyddy Skyman, slammeur, coordonnateur général de la Fédération Haïtienne de Slam-poésie ( FEHASP ) et membre du collectif Caroidi Slam.

 

 

Wethzer PIERCIN  ( WP ): Parlez-nous un peu de Dyddy Skyman et de ses rapports avec le slam..

Dydy Skyman (DS ) : Je suis Beetlear François. Je suis né en Février 1996 à Port-au-Prince. Je suis étudiant finissant en génie civil. Passionné des mots, j’ai très tôt commencé à produire des textes et à les dire. J’ai découvert que la passion était là. J’ai donc une histoire assez longue avec le Slam. D’abord à l’école puis dans des collectifs , dont Caroidi Slam. De plus, Je suis un militant du Slam. Cela fait des années que je travaille avec des artistes et des passionné-es du Slam pour faciliter son émergence en Haiti. Aujourd’hui, je fais partie du comité exécutif de la Fédération Haitienne de Slam-Poésie. Ce, depuis septembre 2020.

W.P : C’est quoi le Slam ? d’où nous vient-il ? depuis quand commence t-on a le pratiquer comme forme d’expression orale ?

D.S : Le Slam, c’est un mot anglais signifiant en français « Claquer ». C’est une forme d’expression orale consistant à dire des textes de poésie en marquant le rythme et la musicalité des mots. Il a pris naissance aux Etats-Unis, notamment à Chicago dans les années 80 avec un concours de poésie initié par le poète américain Marc Smith. Il voulait rendre la poésie plus proche des gens. Dans les années 90, le Slam va traverser en Allemagne, puis en France avant de s’étendre un peu partout à travers le monde. Aujourd’hui, Son expansion continue et beaucoup de grands noms y sont associés, dont Grand Corps malade, Abd Al Malik et autres.. Le Slam, Ça permet de réfléchir sur le monde, de réfléchir sur nous-mêmes en tant qu’humains. Le Slam parle d’amour, il permet de dénoncer les dérives dont nous sommes l’objet, de penser une nouvelle société ou les droits de tout un chacun sont respectés. C’est un moyen d’expression ou l’on peut dire à voix haute ce que l’on pense, dire ce dont on rêve.

 

 

P.W : Quand a  t-on commencé à faire du Slam en Haiti ?

D.S : Nous avons commencé à faire le Slam en Haiti à partir du début des années 2000. En 2004, un groupe de formateurs français, sous l’invitation de la FOKAL, réalisa le premier atelier de Slam en Haïti. Quelques temps après, prennent naissance les deux premiers collectifs de Slam : Feu vert et Hors-jeu. Depuis lors, le Slam gagne du terrain . De plus en plus de jeunes s’y intéressent, et son public s’agrandit. Pour la paternité , le débat est partagé entre Eliézer Guerismé et Paul El Sadat, deux grands noms du Slam en Haïti.

P.W : Comment peut-on retracer le développement de ce mouvement en Haiti ?

D.S : Le développement du Slam en Haïti connait trois grands moments :

« D’abord, Avec les collectifs Hors-jeu et Feu vert dans les années 2007-2008. À cette époque-là, il n y a pas encore eu de textes de Slam enregistrés en studio, comme ce sera le cas plus tard. De plus, Le Slam n’était pas encore si accessible au grand public et était particulièrement joué sur les scènes de la Fokal et de l’Institut Français en Haiti.

Ensuite, vient le deuxième grand moment avec le collectif PH’ART, notamment avec des artistes comme Coeur Rimé, Petit Grand, etc.. Cœur rimé est celui qui organisera plus tard les mouvements Slam street, le Slam en créole. Il organisera des séances d’ateliers de Slam dans les écoles. Cela va jouer un grand rôle dans la mise en place de certaines structures dont vont bénéficier la troisième génération de slammeurs/slammeuses en Haiti.

Enfin, le troisième grand moment, qui est marqué par une plus large diffusion  et une plus grande consommation de Slam. Ce sera avec des artistes comme Nervno fils de plume , qui réalisera , en 2015 , Vers balles,  le premier album de Slam en Haiti. Puis Mort de rire, le collectif Caroidi slam, les Os parleurs, Slam‘art, James le slammeur, SLB etc.. Avec cette nouvelle génération de slammeurs/slammeuses, on va commencer par enregistrer le Slam en studio, réaliser des vidéoclips, jouer dans des concerts, soirées etc.. ».

Aujourd’hui, on pourrait déjà parler de la quatrième génération de slammeurs/slammeuses, notamment avec des artistes comme Kervens Dessources dit Vens le penseur, Malcolm, Laloi.. Lovena Jules, Négresse Cola, Kesh La Mandragore, Ithaï Daverne, Eutaly et autres…,

P.W :Comment le public reçoit-il le Slam ?

D.S : Nous pouvons dire que le public est très réceptif par rapport au Slam. Et Ça, c’est très encourageant. Que Ça soit dans les concerts, dans des soirées, à la radio, sur les réseaux sociaux et les plateformes d’écoute en ligne , Il y a un véritable engouement pour le slam du côté du public.

 

P.W : À quelles difficultés majeures font face aujourd’hui les slammeurs/slammeuses haïtiens ?

D.S : Le public du Slam est généralement un public constitué de jeunes, de jeunes à l’université pour la plupart. C’est un public qui a de l’engouement pour le Slam, certes, mais c’est celui qui n’a pas les moyens pour s’acheter les albums, les tickets de concerts, de Gala, etc.. De plus, pour ceux et celles qui font du Slam, il n y a pas de sponsors , aucun support de la part de l’Etat ou du secteur privé. Ce qui est à la base du faible moyen de production. Cependant, on doit toutefois noter l’acceuil toujours chaleureux du public par rapport au Slam. C’est très positif. Nous pouvons dire, grâce à cela que le Slam a de l’avenir en Haiti..

P.W : Parlez nous de la coupe du monde de Slam-poésie ….

C’est un concours annuel organisé à Paris par l’association Grand Slam Poetry. Il est Ouvert à tous les slammeurs ou toutes les slammeuses du monde entier, moyennant qu’ils soient lauréats du concours de Slam organisé par les Fédérations de Slam de leurs pays respectifs. Avec Nervno fils de plume cette année, Haïti a  pu prendre part pour la première fois à la 18 ème édition de cette grande activité internationale.

 

P.W : Parlez-nous un peu de la Fédération haitienne de Slam-poésie dont vous êtes le coordonnateur général ..

La fédération haïtienne de Slam et poésie est une institution créée en septembre 2020 par les associations de Slam : HT Slam music, l’Association de slammeurs et de poètes Haitiens engagés ( ASPHE ) et Lwazim … et dirigée par des jeunes très actifs dans le Slam dont Mardoché Barthélus et Fabrizio Jean-Baptiste. Sa mission c’est d’encadrer le Slam en Haiti, permettre aux slammeurs/slammeuses de se rencontrer , de s’organiser, de réaliser et de participer dans des compétitions de Slam, tant au niveau national qu’international.

Pour ce faire, la fédération travaille avec des organisations et des collectifs de slammeurs/slammeuses évoluant un peu partout à travers le pays. Elle a initié en septembre 2020 un prix dénommé À cœur ou vers, destiné au meilleur texte de Slam de tous les mois. De plus, elle organise un Gala annuel du nom de Haitian Slam Awards, dont la première édition a eu lieu en Décembre 2020. Ce fut l’occasion pour la fédération, de décerner les prix du meilleur slammeur de l’année à Kervens Dessources dit Vens le penseur, du meilleur slammeur de la décennie à Nervno fils de plume , le Slam Gospel de l’année, la révélation Slam de l’année, entr’autres.

Nous organisons, en octobre de cette année ( 2021, NDLR ), la première édition du grand concours baptisé Konkou Slam nasyonal. Les inscriptions sont déjà lancées. Nous attendons donc les slammeurs et slammeuses qui veulent y participer.

P.W : Un dernier mot.

D.S : Nous avons commencé le Slam avec rien ou presque.  Seulement de la passion et de la bonne volonté.  Aujourd’hui , nous pouvons dire que beaucoup de chemins ont été parcourus. Cependant nous, les artistes,  sommes encore très limités dans nos actions et projets. Au sein de la Fédération, par exemple, nous devons réaliser deux grandes activités cette fin d’année, d’abord le concours de Slam national , qui consacrera le grand gagnant ou la grande gagnante qui devra représenter Haïti à la coupe du monde de Slam en France l’année prochaine, et le grand Gala, en Décembre pour récompenser les artistes, producteurs et autres qui ont marqué l’année et qui ont contribué à l’émergence du Slam. Tout ca, avec nos propres et faibles moyens. Nous faisons appel aux secteurs privé et public, afin de voir la nécessité de supporter nos artistes, particulièrement ceux et celles qui font du Slam. 

Propos recueillis par Wethzer Piercin

Vorgnews, 2021

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