Anaïse Hector : la peinture comme outil thérapeutique.

vorgnews vorgnews · 4 années de cela · 651 vues
Cette jeune artiste nait à Port-au-Prince, Haïti. Elle est a fait ses études à l’institution du Sacré-Cœur, le lieu qui l’a initié à la pratique du dessin. Son affinité pour l’art fut nourrie par son père aquarelliste. En 2018, après ses études classiques, elle s’inscrit au Centre d’art, le lieu qui a vu naitre en son sein des figures majeures de la peinture haïtienne. On peut citer entre autres, Hector Hippolyte, Georges Liautaud, Edouard Duval Carrié à l’origine du courant « naïf », vers 1945.
Anaïse Hector : la peinture comme outil thérapeutique.

L’équipe de VorgNews l'a rejoint pour cet échange en exclusivité :

 

VorgNews (VN) : Comment vous est venue l’envie de peindre ?

 

Anaise HECTOR (AH): C’est de mon papa, parce qu’il avait l’habitude de peindre des aquarelles pour moi. Pour le parcours, il y avait des cours de dessin à mon ancienne école. Après mes études classiques je suis allé au centre d’art, et c’est là que j’ai commencé à peindre sérieusement. J’ai continué à suivre des cours de dessin appliqué au centre d’art, puis j’ai participé à l’exposition « La relève » avec l'aide de Judith Michel.

 

(VN) : Qu’est ce qui vous attire dans la peinture ? Pourquoi créez-vous ?

 

(AH) : Parce qu’elle est pour moi un mode d’expression, une manière de se libérer de certaines choses, d’exprimer la joie, le malheur, etc. Tout juste, elle me donne une certaine liberté. Je crée parce que pour moi, c’est littéralement un processus thérapeutique. Mais aussi, parce que chaque personne peut interpréter les choses différemment et que les émotions peuvent passer.   

 

(VN) : Comment décririez-vous votre art et votre style ?

 

(AH) : Je peins des nues féminines, la plupart du temps des autoportraits. Ce que j’aime peindre c’est l’espace créatif, ce que c’est de peindre, ce que c’est d’être une artiste femme et de donner toute son âme dans ce qu’on fait. Pour la démarche artistique, les nues représentent pour moi, le fait de s’affranchir des normes sociales et d’être au naturel sans peur ni peine.

 

(VN) : Quelles sont vos influences et inspirations ?

 

(AH) : L’artiste qui me touche particulièrement c’est Frida Kahlo, une mexicaine qui faisait des autoportraits, et quand on connait son histoire et ses œuvres c’est vraiment intéressant de voir comment il transcrivait son histoire dans ses œuvres. Ensuite, c’est Luce Turnier une artiste haïtienne, j’aime bien sa démarche artistique, je trouve que ses œuvres étaient différentes par rapport à l’œuvre naïve qui prédominait à son époque. C’était l'une des rares artistes femmes et j’aimais vraiment ce qu'elle exprimait. C’est une pionnière dans la peinture haïtienne à apprécier. Et d'autres influences c'est aussi Tessa Mars qui m'a donné le courage de peindre des nues, autoportrait, parce qu'au départ j'avais peur. Je me disais je suis une femme, je vais peindre mon corps, est-ce que cela ne va pas avoir des préjudices sociaux. Et, lorsque j'ai vu les œuvres de Tessa, je me disais si elle peut le faire pourquoi pas moi.

 

(VN) Quels sentiments ou émotions essayez-vous de transcrire dans vos œuvres ?

 

(AH) : Est-ce que j'ai une émotion particulière? Jusqu'à présent je pense que c'est toutes les émotions possibles dépendamment du moment, de l'œuvre. Et, dans ma démarche il n'y a pas une émotion précise. Si à un moment donné je suis contente et j’aimerais l'exprimer, je l'exprime.

 

(VN) Quelle est votre expérience en tant que femme dans  la peinture, dans une société où la prédominance masculine est forte?

 

(Ah) : Il y a des remarques qui sont bizarres, par exemple quand je préparais l'exposition « La relève » avec le centre d'art, je travaillais là-bas. Et, j'ai fait  des remarques qui sont bizarres « fi pa konn penn bagay sa yo », etc. Il y a une période où je travaillais chaque jour dans le centre, puis quelqu'un m'a demandé comment est-ce que ça se fait que je suis au Centre tous les jours, si j'ai pas de chose à faire chez moi. Qui fait les travaux chez moi. Donc, c'est une remarque sexiste.

 

(VN) : Quels est votre processus de création ?

 

(AH) : Lorsque j'ai une idée de création (série et autres), premièrement je l'écris ou je fais un croquis, puis je crée du temps pour les peindre. Dès fois, j'utilise les croquis pour le dessin préliminaire. J'utilise également les couleurs vives, j'aime les couleurs flashées parce que pour moi l'espace de création est un espace festif.

 

(VN) : Vos futurs projets ?

 

(AH) : Je voudrai peindre beaucoup plus, et trouver d'autres orientations pour mes séries. Participer à des résidences artistiques, des expositions. Surtout, au moins une exposition avec la maison Dufort avant mes 25 ans. Marquer la peinture haïtienne. Maintenant je suis en train de me former afin de devenir une artiste professionnelle. À l'avenir j’aimerai devenir un mentor pour les autres futurs apprenants, surtout les filles afin qu'elles puissent avoir un meilleur encadrement par rapport à moi. J'aimerai également établir un contact avec les filles parce que dans mon entourage il y a majoritairement des hommes. Et, je trouverais assez intéressant d'avoir des mentors femmes pour me donner des conseils quant à leur expériences.

 

(VN) : Quelles sont vos passions, à part la peinture ?

 

(AH) : J'aime lire. Et, peut-être la psychologie aussi, une étude que je fais à la faculté des Sciences Humaines (FASCH).

 

 

 Propos receuillis par : Wendy J. Norestyl

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