En Haïti, les présentes conditions de vie sont de plus en plus désespérantes, les drames politiques multiples, les assassinats, la violence et la pauvreté sont la source de graves problèmes sociaux. Pour nous, femmes haïtiennes, la situation est encore plus critique. Car, nous devons non seulement faire face à notre quotidien, mais aussi survivre à l'oppression qu'incite notre genre. Une double aliénation à laquelle vient s’ajouter le manque de respect, d’encadrement, d’encouragement, de ressources financières et sociales. Autant d’obstacles à surmonter pour ainsi assurer une place, notre intégrité de femmes. Intégrité qui passe notamment par une participation politique, sociale et culturelle plus importante.

On constate que les femmes haïtiennes sont très peu présentes sur la scène politique et culturelle. Ou si elles sont là, elles sont empêchées, ridiculisées, invisibilisées par leurs homologues masculins, qui se chargent d’écrire à leur manière si égoïste l’histoire laissée pour unique vérité.

 Peu de peintres féminins haïtiens sont connus par nos élèves, étudiants voire même nos enseignants. Même l’espace public, les rues, les places ne portent que majoritairement le nom des hommes comme quoi ils seraient les seuls à avoir écrit l’histoire? 

 Femmes, nous avons d'énormes difficultés à surmonter afin de pénétrer, déchirer même ce tissu social déjà bien cousu par les hommes. Ainsi nous devrions nous défaire de toute socialisation avilissante de notre identité de sexe et de prendre conscience de notre situation. Si l’on vous demande, combien de peintres célèbres femmes que vous connaissiez dans l’histoire de notre cher pays ? Combien nous saurions citer ? Saurions nous compter les femmes illustres dans l’histoire culturelle d’Haïti?

 Nous sommes trop longtemps restés immerger dans cet héritage culturel très majoritairement masculin qui nous fait assimiler consciemment ou inconsciemment que la culture ou l’art est le domaine des hommes.

 Où sommes-nous, dans la culture?

 Femmes, nous sommes guerrières , nous sommes mères, nous sommes symboles de liberté, nous sommes érudites, nous sommes artistes, nous sommes peintres, nous sommes photographes, nous sommes indépendantes…nous devons mettre en lumière cet effacement empreint de stéréotypes.

 Nous sommes femmes et notre histoire ne fait que commencer !

 Saranda Joseph